TSMC propose une alliance à Nvidia et AMD pour gérer les usines d’Intel

processeur intel core i9 9900k au sein d'une carte mère noire amd

TSMC, leader mondial des semi-conducteurs, a proposé aujourd’hui à Nvidia, AMD, Broadcom et Qualcomm de créer une coentreprise afin d’opérer les usines de fabrication d’Intel aux États-Unis. Cette initiative, sollicitée par l’administration Trump, vise à relancer Intel en difficulté financière tout en renforçant la souveraineté technologique américaine.

Pourquoi TSMC souhaite-t-il gérer les usines d’Intel ?

Intel traverse actuellement une crise financière majeure : en 2024, le géant américain a enregistré une perte nette de 18,8 milliards de dollars. Face à ces difficultés, l’administration américaine a sollicité l’aide de TSMC pour redynamiser la division fonderie d’Intel. En réponse, TSMC propose une coentreprise où il gérerait directement les opérations des usines Intel sans toutefois détenir plus de 50 % du capital. Cette condition permettrait de préserver une majorité américaine et ainsi rassurer le gouvernement américain quant aux enjeux stratégiques liés à la souveraineté technologique.

Cette proposition intervient alors que TSMC vient d’annoncer un investissement massif supplémentaire de 100 milliards de dollars aux États-Unis pour construire trois nouvelles usines, deux centres d’emballage avancé et un centre majeur de recherche et développement.

Quels bénéfices pour Nvidia, AMD et Broadcom ?

La participation à cette coentreprise pourrait offrir aux grands concepteurs américains tels que Nvidia, AMD ou Broadcom un accès privilégié aux capacités industrielles d’Intel. Ces entreprises pourraient ainsi :

  • Sécuriser leurs approvisionnements en puces avancées.
  • Bénéficier directement du procédé industriel « 18A » développé par Intel.
  • Réduire leur dépendance actuelle vis-à-vis des capacités asiatiques tout en conservant un contrôle stratégique sur la production locale.

Actuellement, Nvidia et Broadcom réalisent déjà des tests sur la technologie 18A d’Intel, tandis qu’AMD évalue activement cette solution pour ses propres besoins industriels.

Les défis techniques majeurs à anticiper

Si cette proposition est prometteuse sur le papier, elle soulève néanmoins plusieurs défis techniques concrets rarement abordés dans les analyses actuelles :

  • Compatibilité technologique complexe : les procédés industriels d’Intel (18A) et ceux de TSMC (2nm) diffèrent significativement. Intel affirme que son procédé 18A est supérieur au 2nm de TSMC en performance énergétique et densité logique. Cependant, l’intégration opérationnelle des deux technologies nécessitera des ajustements techniques importants.
  • Protection stricte des brevets : Intel et TSMC sont historiquement concurrents directs. La coentreprise devra donc définir précisément comment protéger efficacement la propriété intellectuelle respective des deux entreprises.
  • Délais opérationnels réalistes : compte tenu des différences technologiques majeures entre les deux acteurs, il faudra probablement plusieurs années avant que cette collaboration ne produise effectivement des composants commercialisables à grande échelle.

Quels impacts potentiels pour l’industrie américaine ?

Du point de vue du gouvernement américain, cette initiative pourrait permettre :

  • De renforcer rapidement les capacités industrielles américaines dans le secteur stratégique des semi-conducteurs avancés destinés notamment à l’intelligence artificielle et au calcul haute performance.
  • De sécuriser une partie critique de la chaîne d’approvisionnement technologique nationale en réduisant la dépendance actuelle envers les usines situées principalement en Asie.

Toutefois, l’implication directe d’une entreprise étrangère comme TSMC pourrait compliquer le discours politique autour de l’objectif affiché d’une autosuffisance complète des États-Unis dans ce domaine stratégique.

Qualcomm hésite à rejoindre le projet

Parmi les entreprises sollicitées par TSMC figure également Qualcomm. Cependant, selon les informations disponibles actuellement, Qualcomm aurait pris ses distances avec ces négociations préliminaires. Les raisons précises du retrait partiel ou total de Qualcomm restent aujourd’hui inconnues mais pourraient être liées aux mêmes préoccupations techniques ou stratégiques évoquées précédemment.

Un contexte financier difficile pour Intel

La situation financière délicate d’Intel constitue un élément central expliquant ce rapprochement inédit avec TSMC :

  • En 2024, Intel a enregistré une baisse annuelle de 7 % de son chiffre d’affaires trimestriel (14,3 milliards USD au dernier trimestre).
  • La division fonderie d’Intel a subi à elle seule une perte opérationnelle annuelle massive de 13,41 milliards USD en 2024.
  • Pour redresser ses comptes financiers, Intel a lancé dès août 2024 un vaste plan d’économies visant à réduire ses coûts opérationnels et ses investissements industriels.

Ces difficultés financières expliquent pourquoi Intel envisage aujourd’hui sérieusement cette ouverture stratégique vers ses concurrents historiques via la proposition faite par TSMC.

Une validation politique indispensable

Enfin, il est important de souligner que toute concrétisation effective de ce projet nécessitera obligatoirement l’approbation explicite du gouvernement américain. L’administration Trump ayant déjà exprimé publiquement sa réticence face à une propriété étrangère totale ou majoritaire sur les infrastructures industrielles critiques américaines telles que celles détenues par Intel. Ce point constitue donc un obstacle politique majeur qui devra être levé avant toute mise en œuvre concrète du projet proposé par TSMC.

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